Discours de Vincent JOINEAU, maire de Rions, à l’occasion de l'ouverture du Festival Rues et Vous
5 juillet 2024
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2024, nous y voilà !
Le défi était de taille et nous l’avons relevé collectivement avec le sens de la responsabilité, avec détermination, avec passion et avec fierté !
Je me rappelle de l’intervention de Musaraigne en 2022, je me rappelle le plaisir que nous éprouvions en 2023 : le Festival restait vivant.
En 2024, nous nous retrouvons ensemble. Le Festival est encore vivant.
Malgré le désengagement de la CDC, malgré les incertitudes financières qui pèsent sur les budgets des collectivités, nous avons encore une fois remporté une bataille. La bataille sur le défaitisme, sur le sacrifice de la culture pour raisons budgétaires.
Elle a été rendue possible par celles et ceux qui savent qu’il est possible de dialoguer et de s’engager, d’avoir des convictions et de trouver les moyens techniques, juridiques et financiers pour maintenir l’existant.
Il y a eu une mobilisation générale de tous les acteurs du Festival.
La municipalité s’est toujours impliquée pour favoriser le dialogue et l’émergence de solutions juridiques, techniques et humaines garantissant un portage durable du Festival puisque l’effort, à ce jour, est trop lourd à porter pour la commune. Je remercie du reste Audrey Raynal pour son implication sur ce dossier complexe.
- Je veux commencer par dire la gratitude du Conseil municipal à l’égard du Département de la Gironde, financeur principal du Festival. Carole Guere, vice présidente en charge de la culture et la Direction de la Culture sont restés en constante relation avec la municipalité pour trouver les solutions afin de préserver le festival. Parlons concrètement : à l’heure où les finances publiques sont en grande difficulté, le Département garde le même niveau de financement. Marie-Claude Agullana et Nicolas Tarbes, merci de votre fidèle soutien financier, technique et humain.
- Bras actif du Département, l’Agence Départementale pour l’action culturelle (IDDAC) a, cette année, plus encore que les 16 dernières années, a joué un rôle déterminant dans l’entreprise de sauvegarde du Festival. D’une part, en s’impliquant techniquement dans la recherche de solutions. Mais l’IDDAC s’est aussi proposée d’aider financièrement notre Festival. Merci à son Directeur, Philippe Sanchez !
- La Région : je veux aussi dire notre reconnaissance à Charline Claveau, vice-présidente de la Région en charge de la Culture, et Francis Wilsius, conseiller régional du territoire, qui ne manque jamais de soutenir Rues Vous. Tous deux se démènent pour préserver la subvention de la Région qui, je le rappelle avait quasiment doublé l’année dernière.
- L’État a aussi accru son aide alors que la tentation est de baisser la subvention annuelle.
En revanche, la CDC a, comme imposé en octobre 2022, réduit la voilure financière cette année de 10 000 euros.
- Et puis, comme chaque année, l’association Musaraigne est là. Toujours présente. Des bénévoles investis et dévoués, provenant de Rions et du Sud-Gironde, de la Gironde jusqu'aux confins du Médoc, pour que les arts de la rue arpentent les rues de notre village médiéval. La situation fut difficile pour l’association tant elle a du se requestionner sur ses objectifs et l’hypothèse d’une évolution de ses activités. Elle avance et nous lui renouvelons tout notre soutien.
Après de longs échanges collectifs entre acteurs du Festival, Vialarue a proposé de prendre en charge le portage de l’organisation du Festival. C’est véritablement un tour de force qu’a réalisé Pier, son directeur, et ses équipes pour réussir à monter, en un temps record (6 mois) notre Festival. Cette nouvelle configuration nous a obligé de repenser le rôle de Vialarue, de Musaraigne, du service Culture et de la commune. Cela impose un effort d’adaptation et de dialogue mais au total, c’est une réussite parce qu’on se connaît et on se considère.
Je veux aussi dire ma reconnaissance envers l’ensemble du personnel communal. Tous les agents se mobilisent et le font avec sourire et avec le goût du service public. De la même façon, les habitants de Rions, bénévoles ou non, se montrent disposés à accueillir et échanger avec les festivaliers comme les artistes, le temps de quelques jours. Que vous en soyez chacun remerciés !
Les ressources d’un Festival ne peuvent pas dépendre que des collectivités locales. Dépendre des collectivités locales est donc un dilemme dont il faut mesurer les avantages et les inconvénients. Les derniers scrutins suffisent à en illustrer le risque. La culture a toujours été initiée par les volontés citoyennes et associatives. Elle participe de l’émancipation de chacun. Elle ouvre à l’expérience de la liberté pour bien vivre ensemble.
Nous n’avons encore gagné qu’une bataille. Tout est encore précaire en raison du contexte économique. Et du contexte politique.
Depuis 25 ans, le Festival Rues et Vous est un bien commun. Son existence est liée à l’entente entre acteurs historiques, institutionnels et associatifs, du Festival Rues et Vous. A l’heure de l’essor de l’individualisme et de l’outrance idéologique, notre Festival est plus qu’un espace de résistance, il est un espace de conquête: conquête de ce qui n’est pas matériel, conquête de ce qui élargit, de ce qui rassemble, de ce qui fait rêver, de ce qui questionne, de ce qui inspire les citoyens par le théâtre, le cirque, la musique, la danse, les arts. En revanche, on peut débattre des sensibilités artistiques et culturelles mais toujours : sans exclure.
Chacun, absolument tout citoyen, a ses références culturelles auxquelles il s’identifie. La culture ne se résume pas à des spectacles ou à des expositions : la culture est l’ensemble des expressions socioculturelles des communautés d’habitants.
A Rions, notre commune est formée de nombreuses influences culturelles. J’en citerai cinq :
- La Fête de la Saint-Jean est celle de la fête du village, de la fête foraine et des repas collectifs qui annoncent l’été. La municipalité aide le Comité des Fêtes, vieille institution à laquelle nous sommes attachés.
- La vie rurale qui animait nos villages, et Rions en particulier, était rythmée par les fêtes et les travaux viticoles. Depuis 2020, dix viticulteurs rionnais se sont associés pour former les Epicurions afin de nous permettre, non pas de revivre la culture viticole comme autrefois, mais de retrouver le lien social entre habitants et viticulteurs en l’adaptant à notre temps, aux évolutions sociales et au territoire. La municipalité soutient les Epicurions.
- Et puis, il y a aussi les concerts, le Bistrot avec des soirées en musique et des conférences, expositions,etc. comme au Cercle populaire. La municipalité aide le Cercle populaire.
- Je pense aussi à la Fanfare des Cadets de Béguey/Cadillac qui sublime les principales manifestations communales par la fanfare et l’ordonnancement requis par les cérémonies officielles. J’en profite aussi pour rappeler que les Fanfares et Bandas sont soutenues depuis de longues années par le Ministère de la Culture. Là encore, la municipalité aide la Fanfare.
- Il y a en a aussi pour les amoureux du patrimoine et des paysages grâce à l’action de l’association de Sauvegarde de Rions que la commune aide aussi.
Autrement dit, à Rions, il y a de la place pour toutes les expressions culturelles.
Mais à condition que chacun respecte le cadre républicain et laïc. La République, bien que perfectible, sait se faire grande pour rassembler, inclure et fédérer. Par nos actes, contribuons à l’améliorer.
De nombreuses familles de nos communes, notamment rurales comme Rions, sont confrontées à de grandes difficultés telles que se nourrir et se chauffer. La commune ne les oublie pas, même en ce temps de festivités (billet à 4 euros). Ce n’est pas une bataille ordinaire : c’est la mère des batailles, celle qui consiste à redonner la dignité aux citoyens, notamment à travers les offres culturelles et les moments collectifs de partage comme notre Festival.
C’est en incluant les différences, tant dans le domaine culturel que social, que nous en sortirons victorieux.
A Rions, nous accueillons toutes les cultures en accord avec les valeurs républicaines : où serait le problème ?
La culture n’est pas le problème.
La culture ouverte à la diversité et à la création n’est pas le problème : elle est l’une des solutions.
Nous savons désormais que le plaisir d'être ensemble et de partager tous ensemble l'amitié et la fraternité comme de grandes tablées est le plus beau projet que nous ayons à porter haut !
Que vive longtemps le Festival RUES ET VOUS !